Pas d'image, que du texte.
Art numérique versus artisanat...
Tiré du blog de Peter Gabor Design et Typo pour leMonde.fr
Matrix vs Macramé | Le monde rugueux d’Anna Genard
«Attention texte chiant réservé aux masoxistes et maoistes millésime 68 au minimum… j’rigole :-)»
Oui je sais, et je sais que vous savez que je sais, le macramé n’est pas très fashion de nos jours dans l’Art Contemporain. On lui préfère des installations électro-acoustiques et les murs sensitifs programmés sur des consoles bi-processor Intel DuoCore. Et quand bien même j’aurais raison de vous faire partager ma fascination pour les créations d’Anna Genard, elles resteront un épiphénomène insignifiant bien que plein de sens dans le paysage artistique binaire et numérique de l’Art Urbain de 2008. Mais voilà, si de montrer une œuvre rugueuse faite de ficelles, de nœuds et d’accessoires les plus hétéroclites, permet d’ouvrir une brèche dans la réflexion sur l’Art, c’est déjà une raison suffisante pour tenter la bête, entendez votre serviteur.
J’avais déjà entamé cette démarche en vous parlant du branding de Nespresso, où la marque George Cloonesque a fait œuvre d’effacement de tout ce qui peut rappeler le travail manuel et la cueillette du café sur les flancs de montagne du Brésil, Nespresso a remplacé la représentation artisanale par une image lisse où la marque fait rêver ses clients au travers des images vidéo et numériques.
C’est le prix à payer pour ne pas dire la rançon à l’évolution d’une société où le réel s’efface peu à peu pour être remplacé par le virtuel. Et c’est précisément là où se mesure la démesure d’Anna Genard qui embrasse son travail tel un artisan du fil ou un sculpteur de l’argile. Les mains s’activent avec les matériaux, les entremêlent, les nouent et les relient tout aussi efficacement que nos algorithmes qui mesurent les réseaux sociaux et l’entrelacement des données graphiques virtuels.
Sauf, qu’Anna Genard doit forcément souffrir de ses phalanges pour nouer-dénouer la corde qui relie ses figures égyptiennes ou japonaises. Qu’elle doit sans doute se mesurer au temps de la patience qu’il faut pour teindre ses tissus elle-même et coudre à main levée ses accessoires sur ses créations, tel le geste du calligraphe (ou du semeur) qui ne peut s’interrompre durant l’auguste mouvement. Le temps d’Anna est celui de la fabrication, de l’homo-faber qui façonne les formes et organise sa scénographie enlisé jusqu’au tréfonds de son être dans la matérialité des ingrédients que nécessite sa composition. On peut zapper son œuvre, on peut considérer qu’elle travaille à coté, en dehors du temps d’aujourd’hui.
Mais je suis confronté comme vous à cette contradiction majeure…travailler avec tous les moyens technologiques les plus modernes, double-écran d’ordi, applications les plus variées pour le graphisme, les photos, les sites internets, habitué à surfer entre toutes les applis et même de regarder parfois un débat politique sur i-télé sur l’écran de gauche tout en détourant un visage ou un objet sur celui de droite. Je travaille dans l’ubiquité des moyens sans autres limites que celles imposées par mes clients et mon savoir-faire. Et d’avoir presque oublié de savoir nouer mes lacets… En tous cas, incapable de me dépanner question plomberie :-)
Si tous les écrans s’éteignaient sur la Planète…
On peut zapper l’œuvre d’Anna Genard mais on est obligé d’y reconnaître la trace de ce que fut le geste de l’artiste avant le déferlement des écrans dans notre vie quotidienne. D’y reconnaître ce que pourrait redevenir notre monde si privé de pétrole et d’énergie tous les écrans s’éteignaient sur la planète entière. Et du coup son œuvre devient signal et prend du sens. La main de l’homme prolongé par l’ordinateur comme le disait Michel Serres, redeviendrait main de l’homme qui se remet à fabriquer, cultiver et se tordre de douleur au contact réel des éléments de la vie. Le monde rugueux d’Anna Genard serait-il juste une ethno-attitude ou bien prémonitoire? voilà une question dont je vous laisse débattre.
Tiré du blog de Peter Gabor Design et Typo pour leMonde.fr
Matrix vs Macramé | Le monde rugueux d’Anna Genard
«Attention texte chiant réservé aux masoxistes et maoistes millésime 68 au minimum… j’rigole :-)»
Oui je sais, et je sais que vous savez que je sais, le macramé n’est pas très fashion de nos jours dans l’Art Contemporain. On lui préfère des installations électro-acoustiques et les murs sensitifs programmés sur des consoles bi-processor Intel DuoCore. Et quand bien même j’aurais raison de vous faire partager ma fascination pour les créations d’Anna Genard, elles resteront un épiphénomène insignifiant bien que plein de sens dans le paysage artistique binaire et numérique de l’Art Urbain de 2008. Mais voilà, si de montrer une œuvre rugueuse faite de ficelles, de nœuds et d’accessoires les plus hétéroclites, permet d’ouvrir une brèche dans la réflexion sur l’Art, c’est déjà une raison suffisante pour tenter la bête, entendez votre serviteur.
J’avais déjà entamé cette démarche en vous parlant du branding de Nespresso, où la marque George Cloonesque a fait œuvre d’effacement de tout ce qui peut rappeler le travail manuel et la cueillette du café sur les flancs de montagne du Brésil, Nespresso a remplacé la représentation artisanale par une image lisse où la marque fait rêver ses clients au travers des images vidéo et numériques.
C’est le prix à payer pour ne pas dire la rançon à l’évolution d’une société où le réel s’efface peu à peu pour être remplacé par le virtuel. Et c’est précisément là où se mesure la démesure d’Anna Genard qui embrasse son travail tel un artisan du fil ou un sculpteur de l’argile. Les mains s’activent avec les matériaux, les entremêlent, les nouent et les relient tout aussi efficacement que nos algorithmes qui mesurent les réseaux sociaux et l’entrelacement des données graphiques virtuels.
Sauf, qu’Anna Genard doit forcément souffrir de ses phalanges pour nouer-dénouer la corde qui relie ses figures égyptiennes ou japonaises. Qu’elle doit sans doute se mesurer au temps de la patience qu’il faut pour teindre ses tissus elle-même et coudre à main levée ses accessoires sur ses créations, tel le geste du calligraphe (ou du semeur) qui ne peut s’interrompre durant l’auguste mouvement. Le temps d’Anna est celui de la fabrication, de l’homo-faber qui façonne les formes et organise sa scénographie enlisé jusqu’au tréfonds de son être dans la matérialité des ingrédients que nécessite sa composition. On peut zapper son œuvre, on peut considérer qu’elle travaille à coté, en dehors du temps d’aujourd’hui.
Mais je suis confronté comme vous à cette contradiction majeure…travailler avec tous les moyens technologiques les plus modernes, double-écran d’ordi, applications les plus variées pour le graphisme, les photos, les sites internets, habitué à surfer entre toutes les applis et même de regarder parfois un débat politique sur i-télé sur l’écran de gauche tout en détourant un visage ou un objet sur celui de droite. Je travaille dans l’ubiquité des moyens sans autres limites que celles imposées par mes clients et mon savoir-faire. Et d’avoir presque oublié de savoir nouer mes lacets… En tous cas, incapable de me dépanner question plomberie :-)
Si tous les écrans s’éteignaient sur la Planète…
On peut zapper l’œuvre d’Anna Genard mais on est obligé d’y reconnaître la trace de ce que fut le geste de l’artiste avant le déferlement des écrans dans notre vie quotidienne. D’y reconnaître ce que pourrait redevenir notre monde si privé de pétrole et d’énergie tous les écrans s’éteignaient sur la planète entière. Et du coup son œuvre devient signal et prend du sens. La main de l’homme prolongé par l’ordinateur comme le disait Michel Serres, redeviendrait main de l’homme qui se remet à fabriquer, cultiver et se tordre de douleur au contact réel des éléments de la vie. Le monde rugueux d’Anna Genard serait-il juste une ethno-attitude ou bien prémonitoire? voilà une question dont je vous laisse débattre.
1 Commentaire:
Ta description de Anna Genard me fait penser aux crochets que Joana vasconcelos fait. Je zapperais sur son travail, mais c'est quand meme de l'artisanat fait main.
http://www.joanavasconcelos.com/
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